MON PREMIER ECHEC DEVENU UN GRAND SUCCES
« C’est l’échec qui m’a permis de rebondir »
On parle toujours du succès, mais pour vous faire part de mon vécu, avec le recul, c’est un échec qui m’a réellement permis d’avancer.Et pourtant parfois en tant que parent ou entraineur, on a peur que le jeune se plante, et s’est justement ce qu’il m’est arrivé et cela m’a vraiment été bénéfique ! Je vous raconte mon histoire :
Quand tout vous réussit, le succès est à votre portée !
J’avais 17 ans à l’époque et jusque-là j’avais plutôt réussi tout ce que j’entreprenais mais je trouvais cela normal.
En effet, élève en terminale scientifique, sportive et musicienne au conservatoire, diplômée d’un monitorat fédéral de gymnastique à 15 ans, permis moto réussi à 16 ans, vie d’adolescente… tout roulait à plutôt grande vitesse (déjà 😉 ) !
Pour respecter les valeurs du travail que l’on m’a inculquées, il me fallait trouver un job d’été pour participer au financement de mes études. LE BNSSA – brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique – tombe alors à point nommé car j’adorais l’eau et le coté secourisme me plaisait.
Mais gare au grain de sable dans les rouages…
Le problème avec l’eau, c’est que je ne savais pas très bien nager : à cause d’allergies, j’étais interdite de piscine pendant mon enfance et je n’ai appris à nager le crawl qu’à 16 ans… une expérience assez dure mais je me suis accrochée. D’ailleurs, cela me facilitera plus tard mon approche auprès des adultes ayant peur de l’eau ou ne sachant pas nager correctement.
Donc pour m’entraîner au BNSSA, j’allais nager tous les samedi matin de 8h à 12h avec SDIS de ma région. J’étais au bord de la syncope à chaque séance mais je tenais bon et au final je réussis le PSE1 et PSE2. Bon, je suis toujours la dernière dans l’eau mais la première en théorie, car c’est beau de ramener la personne hors de l’eau mais il faut savoir la prendre en charge… je me raccrochais à ce que je maitrisais.
De leur côté, les entraîneurs nous assommaient d’obscénités, de négations, ne nous corrigeaient pas et le groupe s’est alors soudé pour faire face à ces 4 heures très compliquées. Une belle tendinite vint alors freiner la préparation, il fallait bien que sa lâche à un moment…
Malgré cela, je reprends les entrainements car les entraineurs menacent de me refuser aux entrainements, mais je le veux ce diplôme !
Le stress qui monte avant les épreuves
L’examen du BNSSA se déroule 3 jours avant mes 18 ans ; or pour se présenter aux épreuves, il faut être majeure, ce qui va me demander toute une organisation en amont puisque j’ai dû me faire émanciper par le tribunal.
J’arrive alors à la piscine, franchement pas hyper sereine. A l’entraînement, je passe toutes les épreuves : les 3 apnées, le 800 Palmes, 200m 2 nages, les prises de dégagement, le mannequin, mais je sais aussi que quand il faut nager, je passe sur le fil…
Dans ma tête, je me dis :
« II faut que je réussisse. J’en serai débarrassée et je pourrai me consacrer au bac ».
J’avais du stress forcément : une procédure au tribunal pour passer l’épreuve, c’était la seule session dans la région donc si je la loupais il me faudrait partir la passer ailleurs et que dire de mon niveau de natation qui était bas par rapport aux autres.
La première épreuve fût validée : ce 200m était le bout du monde (maintenant j’en rigole beaucoup), et je me préparai ensuite pour le 25m mannequin. Déjà, ma trajectoire n’était pas hyper droite donc je perdis des précieuses secondes tout en maintenant coûte que coûte le visage du mannequin hors de l’eau. Quand je finis par toucher le mur, un homme me dit : « c’est OK », mais quelques secondes plus tard, une femme annonça : « Non, éliminée ».
Je ne comprends pas, c’est oui ou c’est non ?
Cette épreuve du 25m mannequin doit se faire en moins de 1’20. Sur son chrono, l’homme avait 1’19’95 et la femme 1’20’01 : donc c’est plié : je suis éliminée.
Autant vous dire que j’étais très énervée, d’autant plus que juste avant, un collègue avait fait boire de l’eau au mannequin toutes les 3 secondes mais lui, s’est passé !
Donc forcément je trouve ça injuste, « Il vaut mieux que la victime ne boive pas d’eau quand on la remorque quitte à perdre 0.5 seconde. » mais la règle est la règle. Fatiguée de cette année chargée, et très en colère, j’ai fondu en larmes ; un jeune éliminé également pour la deuxième fois vint discuter avec moi mais je n’écoutais rien car j’étais trop déçue. Et là, j’entendis ma mère dire au père de ce jeune cette phrase que je n’ai jamais oubliée :
« Ça leur apprend la vie. Pour la première fois qu’elle se plante, ça va lui faire du bien »
Ça m’a mis encore plus en colère, mais là par contre je me suis dit : plus jamais.
La colère après l’échec : abandonner ou persévérer
J’avais l’impression d’avoir perdu mes 4H/semaine, d’avoir fait tous ces efforts en vain, de m’être fait émanciper pour rien car aux prochaines épreuves je serai légalement majeur. Cette douleur à l’épaule était encore là – et m’accompagne encore maintenant – alors l’envie d’abandonner aurait pu me traverser l’esprit, leur donner raison : « une non-nageuse ne peut pas devenir sauveteur ». Mais pour moi, c’était hors de question : j’allais retourner m’entrainer et réussir cet examen.
Rebondir après l’échec et retrouver l’envie de réussir
Je suis alors allée seule et parfois accompagnée d’un collègue pour m’entrainer, ce que je n’aurais certainement jamais fait avant. Malgré la douleur, les crampes et les larmes, j’ai nagé, encore nagé et je me suis accrochée pour améliorer vraiment mes temps et arriver plus sereine à l’épreuve. J’ai repassé cet examen dans une autre région quelques jours plus tard et je l’ai eu. Je l’ai sorti de l’eau ce monsieur de 100kg et ce mannequin est passé : OUF !
Je suis devenue maitre-nageur pendant mes études et j’ai pu apprendre à de nombreux enfants à nager, mais aussi adolescents et adultes ou les personnes ayant peur de l’eau et ça, j’en suis la plus fière.
Ma conclusion : l’échec peut nous faire abandonner ou nous faire évoluer
Ma mère avait raison. Jusque-là tout avait été plutôt facile, j’étais sérieuse motivée mais il me fallait me planter pour me rendre compte que ça fait aussi avancer, et même plus vite. Que la colère génère de l’envie qui m’a permis de m’accrocher et de devenir Maitre-Nageur Sauveteur.
Cela m’a permis aussi d’accepter qu’il y a un temps pour tout. J’étais surement limite pour cette session fin mai et j’aurai dû l’aborder comme un entrainement en attendant de me présenter à une session prochaine. Les jours suivant le permis, le bac et la suite ne seront que des expériences positives.
Cela a pour moi été mon plus gros échec car j’ai abordé les «échecs » suivant comme des expériences qui m’ont beaucoup appris.
C’est la vie, il y a des choses justes et des choses injustes, des fois on y arrive et des fois pas, la frustration fait partie de notre vie, et nous pouvons décider de nous en servir pour en faire du positif.
Ma devise a toujours été : « les seules limites sont celles que l’on se fixe » et il me faudrait rajouter « échouez et vous comprendrez »
Et vous quel est l’échec qui vous a le plus apporté ?