SPORTIFS : COMMENT APPRÉHENDER LA BLESSURE ? COMMENT LA GÉRER MENTALEMENT ?
La blessure est inhérente au parcours d’un sportif, et pourtant elle est souvent très difficile à gérer. Depuis de nombreuses années on connaît le rôle déterminant de la préparation mentale dans la prévention de la blessure, notamment grâce au lien étroit entre stress et blessure. Alors quelles sont les conséquences d’une blessure et quel est le rôle de la préparation mentale ?
Comment appréhender la blessure ? Comment gérer mentalement la blessure ? Quel lien entre stress et blessure ?
Définition de la blessure sportive
La blessure sportive serait “un état ressenti qui garde l’athlète à l’écart des séances d’entraînement et de la compétition pendant au moins un jour après l’incident et qui implique une attention médicale ou des soins complémentaires autres que la simple application de froid ou le strapping”. (Noyes, Lindenfeld, & Marshall,1998). La blessure est un risque quotidien du parcours de tout sportif. A toute blessure il y a des facteurs déclenchants, un pendant (la rééducation ) et un après (nommé couramment le retour de blessure).
Degré de blessure : les différentes types de blessures
Les scientifiques [1] ont mis en évidence trois degrés de blessure :
- Blessure du premier degré : blessure légère constitue un arrêt de 1 à 7 jours d’entraînement
- Blessure du second degré dite modérée : 8 et 21 jours d’arrêt d’entraînement
- Blessure du troisième degré dite majeure : plus de 21 jours d’arrêt d’entraînement
Au-delà de la durée d’arrêt de pratique, il faut prendre l’évaluation subjective de la blessure. En effet plusieurs facteurs rentrent en compte dans cette évaluation comme : le type de sport, la position du sportif par rapport à la blessure et le seuil de tolérance à la douleur.
Quand est-ce que la blessure est la plus difficile à gérer ?
Plus vous êtes proches de l’accession au haut niveau, proche de décrocher un contrat professionnel et plus la blessure sera difficile à gérer. La première blessure sera une des plus difficiles, et la façon dont vous l’aurez appréhendée sera déterminante pour vos prochaines blessures.
Lien entre stress et blessure
Un modèle mis au point par Andersen et Williams (1988) a montré le lien entre le stress et la blessure. Il suggère que lorsque le sportif est placé dans une situation potentiellement stressante (match par exemple) il est davantage susceptible de percevoir cette situation comme une menace et ainsi se blesser si :
- il a vécu dernièrement des événements de vie perçus défavorablement.
Il serait exposé de 2 à 5 fois plus de risque de blessures [2].
Exemple : changement de statut dans l’équipe, un divorce, conflit avec entraîneur… - il a une personnalité qui le rend vulnérable au stress.
L’anxiété et le stress ont un rôle négatif sur l’évaluation des situations de compétition ou d’entrainement faites par les sportifs (Petrie, 1993) et cela créaient des perturbations physiologiques et attentionnelles ce qui contribue à la vulnérabilité aux blessures. - il a peu de ressources personnelles et sociales.
C’est le bon moment pour faire de la préparation mentale
Si jusque là vous n’aviez pas un suivi en préparation mentale (manque de temps, d’implication ou méconnaissance des bénéfices), alors la blessure va vous laisser du temps pour découvrir ce qu’est la préparation mentale.
La préparation mentale va venir en complément indispensable d’une rééducation et d’une réathlétisation pris en charge par des professionnels : médecins, kinésithérapeutes et préparateurs physiques.
Les différentes étapes d’une blessure :
Une approche très clinique, à tendance à dire que le sportif va passer par cinq étapes après l’annonce de sa blessure :
- Le déni ou le refus : c’est la sidération, votre corps vient de vous lâcher. Alors vous pouvez refuser ce qui vous arrive “non non c’est bon c’est rien, je vais bien”.
- Dans un deuxième temps, vous sortez du déni et du coup vous êtes en colère. Vous réaliser les conséquences de cette blessure (pas de sélection). Le sportif va rejeter la faute sur les autres, l’entraîneur ou peut être lui-même.
- La négociation : vous aller essayer de négocier : “trois semaines, je suis en forme 2 semaines suffiront”.
- la phase dite de dépression. Vous comprenez qu’il est très difficile de négocier avec le corps médical. Du coup vous réalisez la gravité et les conséquences de votre blessure.
- Acceptation : c’est le moment où vous acceptez pleinement cette blessure, et vous pouvez désormais vous investir pleinement dans votre réathlétisation
Il est possible que vous passiez par ces étapes bien que cela ne soit pas toujours le cas suivant votre personnalité et votre parcours de vie. Alors il est intéressant de les connaître.
Rôle de la préparation mentale pendant la blessure
Dans un premier temps il faudra valider ou non le lien avec le stress. Si ce n’est pas le cas il faudra éclaircir les facteurs déclenchants de la blessure comme : la fatigue, la prise de risque, le changement de statut, un conflit, le surentraînement,.. pour mettre en place un protocole de retour de blessure qui rendra le sportif acteur de sa réathlétisation.
Si le lien entre le stress et la blessure est établie il faudra mettre en place des stratégies adaptives pour éviter le cercle infernal de l’accumulation des blessures.
Relativiser et planifier
Vous êtes blessé, quelles sont les conséquences sur votre carrière sportive ?
Pas de sélection en équipe de France ? Pas de coupe du monde ? Pas de JO ? Peur de laisser passer une opportunité ?
Et quelles sont les conséquences financières ?
La préparation mentale, c’est se préparer à l’imprévu pour être capable d’y faire face plus facilement quand cela se produit.
Prévention :
La blessure fait partie du sport, ainsi il faut s’y préparer. Et le mieux c’est d’anticiper. Avez-vous imaginé une blessure qui vous immobilise 1 mois, deux mois ou 6 mois ? Quelles sont les clauses de votre contrat ? Aurez-vous toujours des revenus si vous n’êtes pas salarié ?
Vous êtes blessé, c’est fait, il ne servira pas à grand chose de vous torturer l’esprit avec des “Si j’avais fait”, “si je m’étais écouté…” Il faut vous concentrer sur l’ici et maintenant et prendre en main votre futur. Ainsi il est fondamental de planifier et de fixer des objectifs à courts, moyens et longs termes.
Etre acteur de sa rééducation/réathlétisation
Pour éviter ou s’éloigner des phases de déprime, il faut que vous soyez totalement acteur de votre convalescence. Impliqué de votre retour de blessure, planifier votre rétablissement et profiter pour prendre du temps où d’habitude vous n’en aviez pas ou très peu. Le temps de revoir la famille, des amis, de s’occuper de votre parcours professionnel (de votre image, faire du réseau) aller entraîner les jeunes…
Dans tous les cas un suivi en préparation mentale pendant une blessure est indispensable pour le côté émotionnel mais pas que. On sait que la préparation mentale améliore la rééducation (exemple flexion du genou) ce qui permet parfois de gagner un peu de temps, en plus de tous les bénéfices psychologiques que le sportif peut en retirer.
Eviter l’accumulation des blessures
Vous venez de vous blesser, et une fois remis vous manquez de confiance sur les actions ciblées en lien avec votre blessure (peur que ça relâche). Souvent on retrouve la peur d’une nouvelle blessure chez l’athlète qui reprend l’entraînement. Or on sait que le seul fait d’avoir peur de se blesser entraîne des modifications posturales et psychologiques qui risquent de conduire à une nouvelle blessure.
Diverses études ont montré qu’une blessure peut avoir un impact important sur l’état d’humeur, sur l’anxiété, sur la recherche de sensations et d’autres aspects psychologiques des sportifs. Ce qui les rendent plus vulnérables à une autre blessure. C’est pourquoi Il est nécessaire de travailler sur les facteurs de vulnérabilité qui peuvent être : le niveau d’anxiété, l’expérience personnelle du stress, le sentiment de contrôle et le contrôle de la peur, pour ne citer qu’eux.
Et après la blessure
Pendant votre réathlétisation, vous avez trouvé du temps et de l’intérêt pour la préparation mentale, il serait dommage de ne pas poursuivre. Il est vrai que la plupart des sportifs qui ont débuté la préparation mentale pendant une blessure poursuive le suivi, car il reste tant de choses à développer (concentration, régulation niveau d’engagement, gestion du stress en lien avec la peur de se blesser, vie professionnelle et sportive…).
Vous n’attendez pas d’être blessé pour faire de la préparation physique, alors pourquoi attendre d’être blessé pour faire de la préparation mentale ?
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Merci à Nathalie S. pour sa passion, ses connaissances et son expérience qui m’ont permis lors de mon parcours étudiante de confirmer mon choix, de m’orienter dans la préparation psychologique et mentale. Ses échanges sur le sujet m’ont permis de présenter en Master II un mémoire entièrement dédié à la gestion de la blessure avec les félicitations du jury. Je t’en remercie.L’ensemble de cet article est issus de publications scientifiques et extraite du mémoire de Cindy Laplace Master II : Facteurs de vulnérabilité et blessures récurrentes chez un rugbyman
[1] Thompson, Halpen, Curl, Andrews, Hunter, & McLeod, 1987.
[2] Andersen & Williams, 1988 ; Kolt & Kirkby, 1996